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Tiques et maladie de Lyme : Vos questions, nos réponses

L’essentiel de ce qu’il faut savoir au sujet des tiques, de leurs piqûres et du risque d’être infecté par la bactérie Borrelia Burgdorferi, responsable de la maladie de Lyme.

J’ai été piqué(e), quel est le risque d’être infecté(e) ?

Les tiques ne sont pas toutes porteuses de la bactérie Borrelia, à l’origine de la maladie de Lyme. Le risque d’être infecté après avoir été piqué se situe autour de 1 à 2 %.

 Une tique infectée transmet-elle toujours la bactérie à la personne qu’elle pique ?

Non. « La bactérie doit d’abord passer du tube digestif de la tique à ses glandes salivaires, puis passer la barrière de la peau, explique le Pr Yves Hansmann, infectiologue au CHRU de Strasbourg. Ce processus prend environ 24 h, donc une tique accrochée depuis moins de 12 h induit un risque de transmission quasi nul. » D’où l’importance de s’inspecter tout de suite après une sortie « à risque ».

En outre, une réponse ­inflammatoire de l’organisme peut bloquer immédiatement la bactérie. Après une piqûre de tique infectée, le risque de transmission se situe finalement autour de 10 %.

 J’ai été piqué(e), dois-je faire une prise de sang ?

Pas tout de suite. La bactérie, si elle a été transmise, met du temps à se disséminer. Une analyse sérologique trop précoce serait faussement rassurante.

 La maladie de Lyme est-elle contagieuse ?

L’idée court qu’elle se ­transmettrait par voie sexuelle. Rien n’étaye cette affirmation, aucune contamination de ce genre n’a été constatée. Et si la bactérie a été retrouvée dans le liquide séminal et les sécrétions vaginales, « elle doit, pour devenir infectante, passer par un processus particulier, et c’est la tique qui permet cette ­transformation », souligne le Pr Hansmann.

 Les tiques sont-elles plus souvent porteuses, aujourd’hui, de la ­bactérie responsable de la maladie de Lyme ?

Il n’y a pas de données solides dans ce sens. Aujourd’hui, 10 à 20 % des tiques seraient infectées. C’est très variable selon les régions.

 Comment les tiques attrapent-elles Borrelia Burgdorferi ?

Elles sont elles-mêmes infectées par des petits animaux sauvages comme les écureuils, les mulots, les campagnols, les oiseaux, qui sont les « réservoirs » de la bactérie.

 Que valent les autotests en vente libre ?

Rien. Ceux qui prétendent établir si la tique enlevée était infectée par une Borrelia n’ont pas d’intérêt, car cela ne déterminera pas si la bactérie vous a été transmise lors de la piqûre. Les tests vendus pour détecter la maladie de Lyme dans le sang dans les jours qui suivent une piqûre sont à éviter également. Pour une raison simple : juste après la piqûre, l’infection, si elle existe, reste locale et la réponse immunitaire est faible. Les anticorps ne sont détectables que lorsque l’infection commence à se disséminer, après plusieurs semaines. Un autotest réalisé rapidement après la piqûre, hors du cadre médical, a toutes les chances d’être négatif et donc faussement rassurant.

Où trouve-t-on Ixodes Ricinus, la tique dure qui transmet la bactérie de la maladie de Lyme ?

Partout où il y a de la végétation et de l’humidité. Donc, dans les zones boisées ou aux alentours, à la fois dans la végétation basse et dans le tapis de feuilles qui forme la litière du sol. Si les conditions sont réunies, on la trouve aussi dans les jardins des habitations et les parcs urbains. Il semble qu’elle soit moins présente en altitude mais le seuil de 1 500 m au-delà duquel on ne la trouverait pas est discuté. « Dans les Pyrénées, où il fait plus chaud, elle est présente jusqu’à 1 700 m », note Karine Chalvet-Monfray, professeure à VetAgro Sup et directrice adjointe à l’Inra, coordinatrice du réseau d’observatoires des tiques.

 Quand les tiques sont-elles actives ?

Surtout au printemps et à l’automne, quand douceur et humidité se combinent, car les tiques ont besoin des deux pour prospérer, mais si l’hiver est doux, il n’est pas rare d’en rencontrer. L’été est également propice. Le pourtour méditerranéen est préservé en raison de la sécheresse des conditions climatiques.

 Quelles sont les activités qui exposent le plus aux piqûres ?

Celles en pleine nature : randonnée, cueillette de champignons, sorties naturalistes, etc. Mais on peut attraper une tique lors d’un simple pique-nique dans l’herbe en bord de rivière, surtout si on ne s’isole pas du sol.

 Y a-t-il plus de tiques aujourd’hui que par le passé ?

Difficile à dire, car les ­observatoires en place sont récents. Voilà seulement quatre ans qu’ils travaillent au repérage des populations de tiques en fonction de la région et des données météorologiques. On sait que des zones réputées indemnes ne le sont plus. Il semble que la faute en revienne à la hausse des effectifs de chevreuils, qui font partie des hôtes privilégiés des tiques.
Ces dernières trouvent ­maintenant un terrain favorable à leur prolifération à peu près partout en France.

 Pourquoi les tiques piquent-elles ?

Elles ont besoin d’un repas de sang à chaque stade de leur développement, pour passer de la larve à la nymphe, de la nymphe à l’adulte et, enfin, pour pondre. Après s’être ancrée dans la peau d’un hôte, animal ou humain, une tique se nourrit quelques jours. Une fois repue, elle se laisse tomber au sol.

 Les animaux domestiques sont-ils concernés par la maladie de Lyme ?

Les chiens, qui attrapent souvent des tiques, peuvent être touchés. Ils développent également des affections liées à d’autres agents pathogènes transmis par les tiques. Les vétérinaires savent en reconnaître les signes.

 Les tiques transmettent-elles d’autres maladies ?

Après une collecte dans les Ardennes, une équipe de l’Inra a montré qu’une tique sur cinq était infectée par des bartonelles et des rickettsies. En Suisse, dans le sud de l’Allemagne, en République tchèque, en Roumanie, etc., les tiques transmettent aussi un virus responsable de l’encéphalite à tiques. Le plus souvent bénigne, la maladie peut laisser, dans de rares cas, des séquelles neurologiques graves. Un vaccin existe. Enfin, à cause des oiseaux migrateurs, des tiques de type Hyalomma sont de plus en plus porteuses du virus de la fièvre hémorragique de Crimée-Congo. Une maladie redoutable, contagieuse et mortelle dans 30 % des cas. Aucun cas n’a été signalé en France mais, en 2016, un homme en est mort en Espagne après une piqûre de tique.