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Faut-il favoriser la consommation d’énergie verte ? (la suite …)

Dans notre lettre d’information de décembre 2020, nous avions posé la question de savoir si la consommation d’énergie « verte » (gaz et électricité) favorisait la transition écologique, en nous appuyant sur un récent rapport de la Commission de Régulation de l’Énergie paru en novembre 2020.

Cet article nous a valu quelques réactions, qui concernent essentiellement l’électricité, ce qui justifie une nouvelle communication en ce mois de janvier pour vous en faire part.

Notre but demeure le même : informer les consommateurs sans chercher à juger la valeur des décisions politiques prises en la matière.

La transition énergétique n’est pas forcément écologique

Comme chacun sait, contrairement au gaz, il faut transformer l’énergie électrique en une autre énergie pour pouvoir la stocker, actuellement en très petites quantités dans des piles et batteries, en plus grande quantité dans l’eau chaude sanitaire produite en heures creuses, etc. A noter que des quantités significatives de stockage passent par les barrages hydro-électriques, mais toujours en quantités limitées. L’électricité produite doit donc être immédiatement consommée. Lorsqu’elle est issue de moyens renouvelables (hydraulique au fil de l’eau, solaire, éolien), elle s’avère très dépendante du climat : précipitations pour l’hydraulique, lumière du jour pour le solaire, vent pour les éoliennes. Ainsi, à une forte demande d’un matin d’hiver peut correspondre une faible production s’il n’y a ni vent, ni pluie, ni soleil. Il faut alors compenser la différence par d’autres moyens : centrales au gaz, au fioul, surtout en cette période d’indisponibilité de centrales nucléaires pour maintenance ou fermeture. Inversement, si la production dépasse la demande, il faut, soit baisser la production, mais ce n’est pas toujours possible et dépend du temps de réaction des centrales allant de quelques minutes à plusieurs heures, soit revendre le surplus sur le marché, parfois à un prix inférieur au prix de revient. Ceci amène plusieurs de nos lecteurs à remettre en cause la rentabilité de l’éolien et du solaire.

En France, l’équilibre entre l’offre et la demande est la préoccupation permanente du gestionnaire de réseau, fonction publique confiée à RTE (Réseaux de Transport d’Électricité), filiale d’EDF, qui assure le transport de l’énergie électrique grâce aux lignes à haute et très haute tension.

Notre article de décembre expliquait que les fournisseurs d’énergie achetaient aux producteurs des certificats de garantie d’origine « verte » et devaient les revendre dans les 12 mois. Un de nos lecteurs dénonce l’hypocrisie de ce dispositif qui permet d’acheter des kWh verts hors période de forte demande et les revendre en période de pointe quand les centrales à gaz fonctionnent à plein régime.

En résumé, plus on favorise les énergies renouvelables intermittentes, plus on fragilise la production, le transport et la distribution de l’énergie électrique. La transition vers une production d’électricité décarbonée, c’est-à-dire sans utilisation de produits pétroliers ou de charbon, ne garantit que partiellement une transition écologique.

Des solutions ?

Pour véritablement assurer une transition énergétique qui soit écologique, plusieurs pistes sont évoquées par nos lecteurs :

  • L’achèvement de la transition du parc nucléaire, entreprise par EDF en 2014 qui comprend, entre autres, le remplacement de centrales vieillissantes dont Fessenheim, la rénovation d’une grande partie du parc (sous le nom de code « le Grand Carénage »), la mise en route de l’EPR de Flamanville qui a pris beaucoup de retard, voire la mise en œuvre d’unités nucléaires de plus petite taille. Le nucléaire représente fin 2019 70% de la production d’électricité, contre 74% en 2012.
  • Une meilleure maîtrise de la consommation des entreprises et des ménages pour mieux équilibrer l’offre et la demande. Les compteurs communicants Linky pour l’électricité et Gazpar pour le gaz sont sensés répondre à ce besoin. Mais cet objectif a été éclipsé par des polémiques sans rapport avec le but initialement recherché et un déploiement parfois mal géré.  
  • La poursuite et l’aboutissement de recherches sur les différents moyens de stockage. Le marché semble en pleine croissance, avec un aboutissement à long terme, mais il ne faut pas trop rêver. Ce chemin risque d’ailleurs de devoir passer par un couplage avec le développement de la mobilité électrique et la mise en commun des capacités de stockage des batteries correspondantes.
  • L’hydrogène « vert » … dont on parle depuis plus de 50 ans. Il s’agit de produire de l’hydrogène par électrolyse de l’eau, puis après transport du stock, de recréer de l’électricité grâce à des piles à combustible. La question fondamentale est celle du coût. Et si l’hydrogène est produit par de l’électricité, quelle en serait la source ? La réponse actuelle consiste en de gigantesques centrales solaires implantées dans des déserts, dans des pays politiquement stables. Et il faut ajouter à ces conditions une logistique de transport et de transformation assez complexe.
  • Influencer les utilisateurs vers une consommation responsable : économiser l’énergie, répartir les usages dans la journée, laver son linge quand il faut beau ou que le vent souffle …

Une perspective ?

La maîtrise de la consommation offre une perspective plus immédiate d’assurer un équilibre de l’offre et la demande. Celle-ci est engagée notamment par le projet de transposition en droit français de la directive européenne UE 2019/944 qui prévoit des mesures économiques pour inciter les consommateurs à s’adapter à l’offre tout au long de la journée. Le but est d’éviter les pics quotidiens de consommation qui nécessitent des moyens de production très souples aux heures de forte demande.

Ce peut être une bonne occasion de proposer des solutions vertueuses pour le consommateur, pour l’économie, pour l’écologie… Nous en parlerons dans un prochain article.